Nous voilà arrivés à la fin du premier opus de
notre voyage, on sait que l’on va se poser en Nouvelle Zélande pour quelques
temps. Le rythme de vie va changer et les habitudes aussi. C’est le temps des
bilans, je prépare un post sur nos endroits préférés dans le Pacifique Sud, nos projets
d’aménagements sur le bateau et j’ai déjà rédigé une note des conseils ménagers...
Depuis que nous approchions de la fin du
voyage, je voulais écrire sur le « buddy boating », les « copains
de plaisance » en quelque sorte. Pour ceux qui ont lu le blog
régulièrement, vous savez déjà quel nom va être attaché à ce post, mais il me
semble important d'ajouter la liste des points forts du convoyage.
Petit retour en arrière, en avril 2011, ancrés
à Atuona, Hiva Oa, on rencontre Jared et Christine Kibele à un potluck. On
était en plein boum après qu’un bateau nous soit rentré dedans et on n’avait
pas vu arriver une petite sœur de Shalimar, Architeuthis, un mariner de 30
pieds. Eux avaient bien remarqué et demandent à qui appartient l’autre "sistership" (navire jumeau) et on fait connaissance. Cela peut
vous paraître un peu étrange de commencer une amitié sur un détail pareil
(est-ce que vous arrêtez dans la rue n’importe quel conducteur qui aurait
la voiture que vous et vous appellez vous "copains de twingo"?), mais il faut savoir que nos bateaux ont été
construits à quelques centaines d' exemplaires, on en croisait parfois en Californie mais la
possibilité d’en rencontrer un autre qui ferait le même voyage que nous nous
semblait assez faible.
C’était donc une sacrée surprise.
Cela me mène au premier point positif du
« body boating », une réelle dynamique se créé, un équilibre même.
Christine et moi nous aimions bouger (changer de lieu de mouillage, aller
explorer à terre…), voir un maximum de choses, elle a beaucoup lu sur
différents endroits, et planifie davantage… Les hommes pouvaient discuter en cas de réparation à faire, s’échanger outils et trucs. J’ai servi d’interprète lorsque nous étions en Polynésie Française. Jared et Christine avaient plus de connaissances que nous au niveau météo et probablement en navigation aussi. On préparait nos itinéraires ensemble ou se les échangeait... J'avais embraqué de la nourriture pour un régiment (notre bateau étant plus grand, on avait une capacité de stockage plus importante), on pouvait donc les dépanner lorsque nous étions au milieu de nulle part.
Je suis persuadée que notre amitié nous a permis de
voir plus de choses que s’il ne s’agissait que de nous séparément sur nos bateaux. Chacun avait le petit truc qu’il voulait voir ou faire ici et là. A quatre on n'a pas vu quatre fois
plus de choses (il faut parfois faire des choix) mais on en a vu définitivement plus. Nous avons en quelque sorte recrée une micro société où les qualités de chacun étaient à l’avantage de tous.
Puis, c’est plus facile de s’organiser, comme me l’a
fait remarquer Ryan, sans réellement s’en apercevoir on a suivi une
répartition des tâches ancestrale avec les filles « cueilleuses » (à la récolte des fruits ou en ravitaillement dans les magasins), les hommes « chasseurs »
(pêche), on organisait souvent nos repas ensemble, partageant les denrées en
fonction de ce que chacun avait.
L’échange fait partie intégrante de cet
ensemble. Echange de matériel, de pièces détachées, de nourriture,
d’informations, « de bons plans », de films, d'invitations et se doit d'être équilibré pour que cela marche je pense…
Quand la vie va bien, c’est une dynamique
formidable, qui quand la vie va mal, prend tout son sens. Après notre petit
accident et le doigt cassé de Ryan, Jared nous a aidé à la réparation, puis
pendant un mois à ancrer le bateau au mouillage sans guindeau (endommagé). Ce
qui aurait été très difficile à faire pour nous (voire impossible) si nous avions été seuls. Merci Jared et désolée pour ton dos!
Ce dont on ne se rend pas compte tout de suite c’est l’importance que les gens prennent et à
quel point ils peuvent s’ancrer dans nos vies en quelques mois. Et en même
temps on a probablement jamais passé autant de temps et pendant une période si
longue avec personne en dehors de notre couple. On est hors de Nouvelle Zélande
depuis quelques semaines et ils nous manquent, on pense à eux, et eux aussi.
Voilà une bonne chose qui nous fera nous réjouir de rentrer après notre petit
saut en Europe et aux EU. Même si nous ne serons probablement pas dans la même
ville on sait déjà que l’on se retrouvera pour de nouvelles aventures sur terre
cette fois-çi !
Et bien sûr, on a entendu ou vu d’autres
dynamiques moins attirante que la notre. Entre le bateau qui vous
colle au train et que vous essayez de semer désespérément ou bien le bateau
« G.O » mais un peu trop Gentil Organisateur qui vous fatiguait de
trop d’enthousiasme. Mais on a eu
de la chance, et on s'en félicite.
A vivre dans nos grandes villes sans en bouger beaucoup, on oublie la valeur de l’échange et de l’ouverture aux inconnus, il est
vrai qu’on y a souvent de bons copains d’enfance qu’on échangerait pour rien au
monde, mais la vie hors de son cocon, a elle aussi des avantages. C'est comme cela que nous avons pu faire un grand Thanksgiving sur Piko, avec Brittania (des membres de leur famille en visite), Architheutis et Kuheli (je n'aurais jamais cru que tant de personnes pouvaient tenir sur un bateau de cette taille). C'est aussi ce qui nous a permis de découvrir quelques traditions de Noël en Suède avec nos amis Josefin et Ivan du voilier Kuheli.
En conclusion , avoir des amis ça aide, ça
semble un peu simpliste et pas très nouveau, mais je ne m’enferme pas dans une
« valeur refuge » en cette fin d’année comme le diraient les
analystes financiers. Je continue ce retour aux sources et à l’essentiel,
cheminement commencé quelques années auparavant qui a débuté avec des choix
légers comme de cesser d’acheter des vêtements en grand nombre ou qui ne
seraient pas adaptés à notre mode de vie par exemple, qui s’est poursuivi avec
des choix plus essentiels relevant des denrées alimentaires et réserves d’eau pour
s’achever sur quelques petites réflexions sur le bonheur, en voilà une : pour vivre heureux on peut se passer de
bien des choses et même bien plus qu’on ne se l’imaginait, mais pas de
certaines et l’amitié en fait partie.
Merci les amis de bateau et de partout.
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