Si vous avez suivi
le blog vous savez que nous sommes en plein chantier et que les maillots de
bain sont au placard ! Voici maintenant un mois que Shalimar est bien au
sec dans une « tente » individuelle, ses espars (mâts et bômes) à tribord et un atelier
de menuisier charpentier à bâbord. Il y a quelques semaines j’ai dit à Ryan que
nous allions voir des parties de la vieille dame (un bateau est appelé
« elle » en Anglais) que nous ne pensions jamais voir, il m’a répondu
que nous allions voir des parties de la vieille dame que l’on aurait préféré ne
pas voir, d’où le titre de cet article !
Je vais ici décrire
les différentes étapes de nos grands projets pour les prochains mois, en
partant de la coque, en passant par le pont en teck puis les mâts et enfin le
vernis.
La coque, se divise
en deux parties, une au-dessous de la ligne de flottaison et l’autre au-dessus.
Pour la partie du dessous ce mois-ci Noel (le grand manitou des gréements à
Norsand) nous a montré comment ouvrir les joints entre les planches qui
protègent la coque. Il faut d’abord racler le long de chacune d’elles. Celles
qui ne sont plus suffisamment étanches auront laissé passer de l’eau. Les
planches seront donc noires au bord, le long du joint. On l’ouvre donc en
retirant d’abord une couche de mastique puis on va chercher au fond la fibre de
coton qui est chargée d’absorber le liquide, quand elle se gonfle et
étanchéifie le bateau. Noel avait pleins d’outils sur lesquels Ryan a lorgné
autant qu’il a pu, nous voilà avec de nouveaux outils à essayer de trouver en
brocante maritime ! C’est un travail très physique environ une journée par
côté. On a essayé de réduire les coûts en fabriquant quelques outils de fortune
nous mêmes et ça a fonctionné sur
les joints vraiment fatigués mais après m’être fait mal à l’épaule à taper
comme une furie pour défaire un joint sur environ 10 cm de long, Ryan et moi
avons convenu que Noel serait probablement bien meilleur que nous pour finir la
tâche ! La troisième étape consiste à marteler une nouvelle fibre de coton
à l’intérieur, phase délicate que l’on laissera de nouveau à notre spécialiste.
Puis il faudra recouvrir de mastique (rien d’artistique on devrait pouvoir se
charger de ce travail), poncer, remettre un peu de bonne peinture au plomb sur
le bois qui est exposé puis une bonne couche de peinture. Voilà pour ce qui est
sous l’eau, maintenant voyons quel sort est réservé à la partie non immergée.
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Une petite partie des outils de Noel |
La peinture se fait
vieille (plus de 6 ans), elle a pris des chocs, par exemple là où notre
annexe est amarrée, elle craque et
laisse entrevoir la couche d’accroche à quelques endroits. Les patches faits au
Mexique ne tiennent pas vraiment… On a donc décidé de faire un grand nettoyage
et de tout enlever pour repartir sur de bonnes bases. On a parfois compté
jusqu’à 7 couches de peinture sans compter l’accroche ! une fois la
surface prête, on applique une couche de Metalex (une protection contre les
petites bêtes qui souhaiteraient s’établir dans le bois, en vert sur la photo),
plusieurs couche d’accroche, de l’enduit dans les trous puis quelques couches
de la peinture finale. Pour le moment le côté bâbord en est à la dernière
couche d’accroche, à tribord, pas grand chose pour le moment, j’ai commencé à retirer
la peinture mais on va probablement finir un côté avant de passer à l’autre
sinon il faut changer les échafaudages constamment.
Pour l’arrière du
bateau, nous ne savons pas encore ce qui va se passer, le contreplaqué est
assez fatigué et maintenant serait le bon moment pour le changer car nous avons
un bon accès avec le pont en moins mais le processus est assez compliqué Noel
l’estime à deux semaines de travail. On attend donc de voir comment
sont les finances après deux mois dans le hangar, vous aurez plus de
détails à ce moment-là.
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au premier plan une baume avec ses pactches |
En ce qui concerne
le vernis c’est un peu plus
simple. Il a fait des bulles, s’est effrité, a pris des chocs. Nos mâts dont le
vernis (Crystal) est plus costaud et moins exigeant quand à la fréquence de son
application, ont besoin de quelques patches, d’un bon ponçage puis de quelques
couches de vernis. A l’heure actuelle, nos bômes ont été retouchées et poncées,
notre mât de misaine est poncé et en voie d’être retouché> En ce qui
concerne notre mât principal il a besoin de patches plus importants car le bois
a été trop abîmé (au niveau des barres de flèches notamment) il faudra évider
puis coller une pièce en bois. Mais surtout il va falloir modifier certains des
équipements afin que cela ne se reproduise pas !
Pour le vernis
traditionnel sur le reste du bateau, les Tropiques l’ont sérieusement
endommagé, entre bulles et lambeaux j’étais un peu désespérée mais nous avons
eu vent d’un produit Kiwi (Néo Zélandais) qui fait fureur ici, il s’agit de UROXYS.
On nous promet une protection jusqu’à 5 ans sans entretient ! Il ne s’agit
pas d’un vernis mais de polyuréthane qui peut sécher en environnement humide
(Bah oui, je vus l’ai dit c’est Kiwi !). Il bloque 99 % des UVs mais
nécessite une couche d’accroche teintée en cas de bois qui aurait tendance à
blanchir (ce qui est notre cas). Nous avons beaucoup d’espoirs placés dans ce
produit pas donné du tout alors espérons que nous avons fait le bon choix. Le
test effectué sur une dorade semble concluant quand au rendu, pour la
longévité, il va falloir y croire et écrire un autre article sur le sujet dans
4 ans ! Mais avant ca il va falloir retirer tout le vernis et poncer (étonnant
comme ce mot revient sans cesse) !
Et je vous ai gardé
le meilleur pour la fin ! Le « refit » du pont arrière. Le teck
trop usé et le contreplaqué qui n’était plus protégé suffisamment sont partis à
la benne ! Mais le processus le plus long a été de finir le nettoyage
après qu’ils aient été retirés. Il a fallu extraire des vis et clous tordus et
oxydés un peu partout, désassembler les équipements qui doivent être
réinstallés par la suite (ex : base pour le misaine, winch, barre), poncer
l’ossature en bois, combler les trous avec des capuchons en bois (environ 700
et ça c’est que pour les vis !), évider puis faire des patches pour les
poutres fragilisées et remplacer celles qui étaient trop abîmées (de l’iroko
jaune nous a été conseillé pour cela). Tout cela en continuant de réfléchir
comment nous allons aménager l’espace en dessous et au dessus du pont.
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Les poutres rebouchées, multitude de soldats de bois |
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La poutre prête à recevoir le pont, les trous rebouchés, la
surface poncée et réparée, il ne reste plus qu'à ajouter
l'epoxy et le contreplaqué.
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A gauche et au fond des patrons, à droite un panneau de contreplaqué déja découpé |
Pour le dessus nous
avons réalisé des patrons pour les pièces de contreplaqué qui formeront le
nouveau pont, elles sont au nombre de 6, quatre d’entre elles ont été coupées
et ajustées. Une fois qu’elles seront prêtes et si notre budget nous le permet,
nous devrions y coller notre pont en teck. Oui, coller ! Quand nous avons
demandé à Noel comment ne pas avoir un pont qui fuit il nous a dit qu’il ne
fallait pas utiliser de visses sur lesquelles il faut ensuite mettre un bouchon
mais coller. Vous auriez dû voir la tête de Ryan c’était comique ! Mais
avant cela il nous reste à déterminer beaucoup de choses comme les ouvertures
pour l’accès au coffre de poupe (rangement sous le pont arrière), avec des
questions comme : où et comment.
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Le réservoir une fois retiré, une partie du bateau que nous n'avions pas vu et espérions ne jamais voir! |
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le réservoir d'essence d'origine du bateau
45 ans, rouillé mais il fonctionne! |
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réparation d'une poutre, première étape,
retirer le bois en mauvais état |
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une fois tout le bois retiré grâce à un outil électrique (router) |
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Deuxième étape : retirer les bords |
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Fin du travail avec des ciseaux à bois, il ne reste plus qu'à prendre les mesures, tailler le patch en bois, coller, puis poncer en conservant la courbe sur le dessus |
Il nous reste aussi
à décider de l’organisation en dessous, et oui autant construire les
compartiments et étagères avant de remettre le toit dessus ! Et le débat
est serré car la place est comptée. Nous avons décidé de construire une petite
cabine à bâbord, on « perd » donc près de la moitié de notre espace
de stockage tel qu’il était au départ. Une partie sera compensée par le fait
que certains espaces non utilisés auparavant le seront après la rénovation et
nous espérons d’autre part nous débarrasser de certaines choses. Alors que
j’écris cela, je pense à notre container plutôt bien rempli qu’il va falloir
vider avant de partir, je vais vous mettre une petite photo histoire de vous
faire sourire un peu.